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L'histoire des juifs à Weinheim

Tolérés, expulsés, assassinés - l’histoire des juifs à Weinheim

Claudia Fischer

Les débuts

Déjà en 1298 communauté juive est mentionnée à Weinheim.
Il est toutefois possible qu’il y avait eu des habitants juifs à Weinheim avant cette date, mais en absence de preuve on ne peut que l´inférer.
Apparemment les premiers juifs arrivent en Allemagne vers l’an 155 après JC comme des citoyens Romains en accompagnant les soldats et commerçants.
L’époque qui suit les Romains est mal documentée, donc on ne peut pas parler d’une histoire continue des juifs en Allemagne qu’à partir de l’époque des Carolingiens.
Le Codex de Lorsch mentionne un juif dans la région en 1065. (Lorscher Codex, CL123c). Depuis 733 Weinheim appartient en partie au Monastère Lorsch.

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La lutte pour la survie continue

Selon ce qu’on apprend d’une inscription dans le « Nürnberger Memorbuch » il existe une communauté juive à Weinheim en 1298. L’histoire documentée des concitoyens juifs commence de la même manière qu’elle se termine: avec un massacre. Le 20 septembre 1298 un appauvri chevalier ou boucher franconien nommé Rintfleisch attaque la communauté. Sous le prétexte de la profanation des hosties Rintfleisch et ses bandes assassinent 79 membres de la communauté.

Il semble que quelques-uns d’eux survivent ce massacre et qu’ils se réorganisent. Mais seulement 50 ans plus tard il y’a un nouveau revers de fortune. Entre 1348 et 1352 la peste sévie toute l’Europe et fait de nombreuses victimes. A la recherche désespérée de son origine on trouve une explication facile : un juif a empoisonné les puits. Les sévères persécutions suivantes écrasent plus de 200 communautés en Allemagne, parmi eux la petite communauté de Weinheim en 1349.

Dans beaucoup de livres d’histoire Weinheim est nommé comme « judenfrei » (libre de juifs) entre 1400 et 1650.Ce qui n’est pas tout à fait correct : ils existent pour certaines périodes des documents sur des familles. Mais celles-ci ne jouent pas un rôle important ni dans la ville ni dans la « Kurpfalz » (Palatinat électoral). Les vagues d’expulsion qui se suivent dans des intervalles de plus en plus courts et l’accusation de la profanation d’hosties toujours imminente rendent la survie presque impossible. Beaucoup de juifs émigrent vers l’est et fondent des nouveaux centres de colonisation dans les régions du sud et de l ´ouest de la Russie.

Vers un nouveau départ

Pendant la guerre de Trente Ans (1616-1648) on ne fait pas mention des juifs à Weinheim, sauf des commerçants errants.
Seulement à partir de 1649 le prince Karl Ludwig autorise une famille juive d´habiter à Weinheim. Par sa politique d’après-guerre mercantiliste, le prince veut compenser la forte diminution de la population. On a besoin de l’appui de chacun pour la reconstruction du pays après cette guerre ravageuse. Les juifs sont les bienvenus comme payants d’impôts et d `argent du racket, mais à cette époque ils sont aussi mal vus qu´avant:

« Mais [après la famille autorisée] il y’avait encore quatre d’eux-comme Meyer, Abraham, Mardochai et Wolf qui se sont faufilés… »

Ce sont justement les familles Meyer, Mardochai, Abraham et Wolf qui constituent le noyau de la communauté de Weinheim pour assez longtemps. Leurs noms et ceux de leurs descendants sont documentés jusqu’au milieu du 18 ème siècle.
Fenster der Synagoge in der Hauptstraße 143

La grandeur de la communauté est inconnue, mais on peut constater qu’entre 1657 et 1659 dans toute la région palatine 53 enfants juifs était nés- probablement quelques-uns aussi à Weinheim.
L’enfant du juif Mayer meurt le 10. Décembre 1666 par la peste. Mayer demande au conseil municipal qu’on lui laisse un lieu d’enterrement. Le conseil lui permet un endroit au « Wüstberg », qui jusqu´ aujourd’hui est appelé « Judenbuckel » (la « colline des juifs »).

A partir de 1680 la communauté a grandi au nombre de 15 familles environ et a besoin d’une synagogue. Entre 1680 et 1690 le directeur Mayer Oppenheim et son fils construisent cette maison dans la « Hauptstrasse » (actuellement Hauptstraße 143) avec leurs propres moyens.

Parce que la propriété de chaque famille juive doit être régulièrement estimée à partir de 1662, on dispose dans l’archive de questionnaires depuis 1712. Ces listes nous n’informent pas seulement sur la dette fiscale, mais aussi sur le domicile. Ainsi on peut inférer avec certitude qu’il n’y a pas eu un quartier juif à Weinheim, mais que les familles vivent le long de la « Hauptstrasse », qui est la rue commerçante.
Dans le 18 ème siècle qui est relativement calme, le chiffre des juifs reste plus ou moins stable et l’afflux et l’émigration se contrebalancent.

Illustration: Vue de la Stadtmühlgasse à l’arrière des maisons de la Hauptstrasse; en haut à gauche voir les fenêtres de la synagogue dans la Hauptstrasse 143, vers 1900.

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Weinheim devient badois :
De nouveaux noms et de nouvelles professions

En 1803 Weinheim devient badois. Cela signifie un tournant pour la vie des concitoyens juifs. On leur donne plus de liberté et plus de droits.
Depuis le début du 18 ème siècle les juifs commencent à prendre des noms de familles allemands. Jusque-là il y’a eu la coutume d’utiliser juste un prénom qui très souvent se réfère à la Bible. Aussi courants sont des noms d’animaux (par exemple ours, loup, cerf, lion).
La marque distinctive est souvent le nom du père (fils de…) qui n’est pas héréditaire.
Le 6 ème Édit de Constitution du 4 juin 1808 décrète l’adoption des noms allemands par tous les juifs jusqu’au 1 juillet 1809. Les anciens noms doivent être utilisés comme prénoms. On a le choix libre pour les surnoms allemands qui sont prévus comme héréditaires. La déclaration sur l’adoption du nouveau surnom allemand en présence d´ un fonctionnaire de l’état bourgeois est obligatoire et doit être enregistrée au procès-verbal.
On choisit souvent des noms qui signifient le lieu d’origine (par exemple Weinheimer, Oppenheimer) ou la manière du gagne-pain. Dans l’Archive de La Ville de Weinheim on peut trouver un relevé qui liste les nouveaux noms.
Dans la loi sur les conditions des juifs (Gesetz über die Verhältnisse der Juden) de 1809 la communauté religieuse juive devient constitutionnellement tolérée comme église. Selon le droit public on doit regarder les juifs comme des citoyens libres. Cependant, leur position par rapport au droit municipale ne change pas – ils restent « Schutzbürger » (citoyens protégés) sans être éligible comme fonctionnaire municipal et sans droit d’utiliser le bien communal.

Pendant des siècles les juives n’ont aucun accès aux métiers qui font partie des corporations. Jusque-là ils ont travaillé comme des courtiers, commerçants, prêteurs, brocanteurs, et démarcheurs. Maintenant on les encourage expressément à embrasser un métier bourgeois. L’Édit du 24 Novembre 1809 leurs assure le choix libre d’un métier. A Weinheim une liste de l’an 1825 révèle que les plus âgés parmi les juifs qui avaient travaillé avant 1809 n’avaient pas appris une profession.
Pendant les années 1830 ont lieu des débats importants sur l’assimilation dans lesquels le député du parlement régional, Albert Ludwig Grimm, se distingue. Il vote comme un des deux députés en faveur de l’égalité totale des juifs. Mais il durera encore jusqu’à 1862 pour promulguer la loi d’égalité bourgeoise des juifs : Das »Gesetz über die bürgerliche Gleichstellung der Israeliten ». Au début, malgré la loi, l’égalité totale n’est pas achevée, car la participation au bien communal restera soumise à une autorisation spéciale jusqu’à 1872.

Discours du député Grimm le 3 juin 1831...

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La communauté juive dans le Weinheim badois

Ausschnitt aus der NamenslisteEn 1815 on dresse pour la première fois une liste exacte des habitants juifs. Dans la liste apparaissent respectivement le nouveau et le vieux nom, ainsi que les noms des épouses et des enfants. De cette manière on a enfin la possibilité d’établir un registre des membres qui tient compte aussi des femmes et des enfants. A cette époque12 familles et 5 personnes célibataires vivent à Weinheim –une communauté de 55 personnes environ.

La liberté plus vaste des juifs ne comprend pas seulement le choix libre du métier, mais aussi l’éducation scolaire des enfants. Dans les documents jusqu’à 1832 on ne trouve aucune précision par rapport à l’école que les enfants juifs fréquentent.
Selon une remarque d’un pasteur protestant du 7 mai 1832 les enfants juifs de Lützelsachsen fréquentent ou l’école protestante ou - plus souvent - l’école catholique.

Illustration: Liste des habitants juifs avec les noms anciens et neufs et avec l’indication de leurs professions, 1815.

Apparemment aussi les enfants de Weinheim fréquentent des écoles chrétiennes. En 1872 un conseil de synagogue demande un enseignant israélite pour 7 enfants en âge scolaire. Il est engagé, mais la communauté est obligée de payer son salaire, hébergement et alimentation.

La Révolution Badoise de 1848/49 et Albert Ludwig Grimm

Dans quelques endroits badois ils se réveillent des activités et tendances antisémitiques pendant la Révolution Badoise. Pour Weinheim on ne peut pas éprouver telle agitation. Une raison en pourrait être le fait que Weinheim n’est pas seulement dépendante d’une économie agricole. Pendant les années 30 du 19ème siècle Weinheim vit un essor économique, les citoyens sont contents. Ainsi ils ne doivent pas craindre que l’aide donnée aux juifs - qui très souvent vivent dans la pauvreté - soit une charge trop grande.

L `atmosphère générale à Weinheim se doit probablement aussi à Albert Ludwig Grimm qu’y habite de 1806 à 1854. Entre 1825 et 1827 il est maire de Weinheim et jusqu’à 1838 aussi député de la ville au Parlement du Pays-Bade. Il est un des deux députés qui votent pour l’égalité totale des juifs en 1831. « Le juif est un citoyen badois, il accomplit tous les devoirs dont il est obligé comme citoyen d´état. »

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Des vielles familles établies

Il est remarquable que la plupart des familles reste fidèles à leur ville. Ils se sentent comme des « Weinheimer » et ils y travaillent.

On peut en mettre en évidence les familles Altstädter, Rosenfeld, Rothschild, et Ullmann qui habitent Weinheim depuis 1717 environ.

Les Altstädter, Rosenfeld, et Rothschild ne sont pas seulement les plus nombreuses des familles locales, mais aussi importantes dans le domaine économique et politique.

La vie associative et des fondations

Plusieurs associations et fondations démontrent une vie associative florissante. Depuis 1848 il existe la fondation Maier-Traut pour l’aide aux Israélites pauvres. A partir de 1868 existe le « Israelitischen Krankenunterstützungsverein » (association israélienne pour le soutien des malades) qui à partir de 1904 s’appelle « Israelitischer Krankenunterstützungs-und Sterbekassenverein zu Weinheim“. En 1913 le „Israelitische Frauenverein“ (association des femmes israélites) y est intégrée. En 1888 on fond la société chorale« Liederkranz » et en 1904 l’association chorale de la synagogue.
A partir de 1918 le professeur Marx Maier rehausse la vie sociale de Weinheim en fondant l’association de musique de chambre qui accueille beaucoup d’artistes importants.

Pour plus de details, voir ici…

Sigmund Hirsch

Le fait que la population juive de Weinheim n’est pas soumise à la tendance générale en Pays-Bade éprouve une fois de plus qu’à Weinheim la situation sociale est mieux que dans le reste de la région - une des raisons en est la stabilité économique. Pour la réussite de l’intégration des juifs dans la région l´existence de la fabrique de cuir de cheval de Sigmund Hirsch. joue un rôle très important. Elle offre environ 350 á 400 postes de travail et forme ainsi un facteur essentiel pour la vie économique de Weinheim. Hirsch est arrivé à Weinheim en 1868 et a fondé son entreprise dans le « Gerberbachviertel » (quartier des tanneurs). Par un agrandissement en 1900 avec la fabrique « Kapellenäcker » son établissement devient le deuxième plus grand de la ville.

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Synagoge in der Ehretstraße 5 um 1910Construction de la nouvelle synagogue

Parce que la vieille synagogue dans la Hauptstrasse est très délabrée et doit être fermée, Sigmund Hirsch fait avancer la construction d’une nouvelle synagogue avec son soutien financier. Dans les discours d’inauguration de cette nouvelle synagogue tenus le 2 août 1906 par les conseillers de la synagogue, Berthold Kaufmann et Dr. Moritz Pfälzer - ainsi que dans le discours d’adieu du rabbin du district, Dr Pinkuss- on peut constater une profession de foi en faveur de la judéité et de Weinheim.

Illustration: La synagogue dans Ehretstrasse 5, vers 1910.

 

La Première Guerre mondiale

Depuis l’émancipation dans la deuxième moitié du 19ème siècle les juifs sont des citoyens badois avec leurs droits et leurs obligations. Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918) des milliers de juifs partent à la guerre pour l’Allemagne. Parmi les soldats tombés ils se trouvent aussi cinq hommes de Weinheim.

Des tendances antisémites et la fin de la communauté juive

A la fin du 19ème siècle il est considéré comme prouvé que l’antisémitisme est vaincu. Pourtant même à Weinheim on trouve des indices que la cohabitation tolérante n’est pas si stable. Par exemple il n’y a presque pas de mariages mixtes entre chrétiens et juifs. On a constaté qu’à Weinheim ces unions sont exceptionnellement rares et qu’ils sont au-dessus de la moyenne de l’Empire (« Reich »). Hormis de rares exceptions on ne trouve pas des familles juives et chrétiennes dans la même maison.

Déjà vers la fin du 19ème siècle on peut démontrer des traces antisémites à Weinheim: la première se trouve en 1865. La « Bürgerschule » (école des citoyens) est diffamée par plusieurs citoyens chrétiens comme « Judenschule » (école des juifs), car 20 des 108 étudiants sont des juifs.

Le 20 février 1892 le conseil de la synagogue porte plainte contre le paysagiste et professeur de dessin Ludwig Zorn. Celui a estampillé des journaux publics avec des paroles antisémites. En 1922 la DNVP de Weinheim
(Deutschnationale Partei, parti nationale allemande) montre son visage antisémite. Après un décès dans le groupe parlementaire de la SPD le commerçant juif Sally Neu avance au conseil municipal -et deux des conseillers de la DNVP refusent la poursuite du travail dans cette commission. En plus ils accusent Sally Neu de s’avoir approprié stocks de l’armée dans un acte illégale.

Une procédure est ouverte contre lui, mais à la fin Sally Neu est réhabilité et ses adversaires soumis à la critique publique. Quand même, dans l’année 1924 probablement un quart de la population de Weinheim vote pour des partis avec un programme antisémite.

L´ harmonie et la tolérance d’autrefois démontrent leur fragilité et leur manque de résistance. Il est possible que la concurrence avec des entreprises non-juives dans le secteur économique soit une des causes pour l’attitude antisémite. Cette concurrence est exploitée dès le milieu des années 20 dans la propagande des Nazis qui deviennent de plus en plus forts.
Le 1 avril 1933, huit semaines après la « Machtergreifung » (prise du pouvoir par Hitler) les premières mesures officielles anti-juives sont prises : une journée de boycottage de tous les commerces juifs.

Déjà une semaine plus tard des fonctionnaires juifs peuvent être révoqués de leurs postes. On règle de nouveau l’inscription des médecins et des avocats. Coup sur coup on adopte des lois nouvelles qui se tournent plus ou moins directement contre les juifs.

En 1933 la première grande vague d’émigration commence. Peu à peu la florissante communauté juive d’autrefois se dissoudre.

Le 22 Octobre 1940 marque sa fin définitive. Les derniers juifs qui sont restés à Weinheim sont rassemblés à la pointe du jour et transportés vers Gurs dans le sud de la France.
Dès lors la communauté juive à Weinheim n’existe plus.

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Les citoyens juifs de Weinheim 1933-1945

Christina Modig M.A.

Douze années de dictature en Allemagne - un pays au cœur de l’Europe.
En Allemagne on avait crée un système totalitaire provoquant et démarrant une guerre mondiale. En même temps, au pays propre, on a installé une suppression intellectuelle et de la terreur ainsi que la persécution des minorités comme des Tsiganes (Sinti et Roms), des dissidents dans la politique et surtout des allemands juifs.

L´atmosphère antisémite à Weinheim avant 1933

Depuis la fin de siècle les juifs ont été des citoyens ayant les mêmes droits. La population juive à Weinheim se sent aussi étroitement liée à sa ville d’origine qu´ à l’Allemagne. Au début de la guerre de 1914 les juifs de Weinheim se présentent aussi comme soldats de front. Cinq d’eux, Karl David, Bernhard Lehmann, Max Lehmann, Moritz Rothschild et Sigmund Rothschild, tombent au champ de bataille.

Die nach 1945 ergänzten Namen der jüdischen Gefallenen des 1. Weltkriegs am Kriegerdenkmal in der Bahnhofstraße.On ne devrait pas croire, pourtant, qu’une attitude antisémite dans la population ne s´avait pas déroulée déjà avant le 30 janvier 1933. Fred Hirsch, un ancien habitant de Weinheim (né 1902) décrit dans une lettre adressée à la Ville de Weinheim le 28 novembre 1962 :

« Peut-être vous êtes surpris si je vous dis que pendant mon temps au lycée à Weinheim il existait pendant des années une division totale entre les étudiants juifs et chrétiens dans ma classe. Cette situation a du être connue par la direction du lycée, mais on ne faisait rien contre elle. A cette époque, la « Kasinogesellschaft » (l’association du casino) représentait le centre social. Celui qui jouait un rôle dans la société à Weinheim, y était membre. Les juifs, par contre, n’étaient pas les bienvenus (« unerwünscht »). »

Illustration: Les noms des morts juifs de la première guerre mondiale furent suppléés au monument dans la Bahnhofstrasse après 1945.


Des entrepreneurs juifs à Weinheim

Comparé avec la moyenne dans le Reich (55,6%) le pourcentage des travailleurs non-salariés (82,5%) à Weinheim est important. Comparé avec la moyenne des personnes actives les indépendants à Weinheim sont représentés par les juifs d’un facteur trois.

La fabrique de cuir de cheval Sigmund Hirsch, établi depuis 1868, est un facteur économique important pour Weinheim ; elle est le plus grand employeur de la ville (350-400 employés). L´entreprise familiale est gérée par Max Hirsch (dirigeant technique) et Julius Hirsch (dirigeant commercial). De nombreux commerçants juifs comme Adolf Braun gèrent des magasins de détail et aussi des grands magasins. Ainsi, ils contribuent à l’effort de faire de Weinheim une ville commerciale attractive. Une promenade par la Hauptstrasse démontre d’une manière impressionnante l’esprit d’entrepreneur juif.

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La vie communale juive

Le centre de la communauté juive est la synagogue, inaugurée en 1906. La petite communauté avec ses 60 membres contribuables ne dispose pas d’une grande liberté financière, donc elle est subordonnée au rabbi régional à Heidelberg. On collabore aussi largement avec la grande communauté juive à Mannheim.

Il n’est pas facile de constater le nombre exacte des citoyens juifs á Weinheim pour la période après 1900, comme des sources diverses publient des donnés différentes. Le 1 janvier 1933 on registre 168 citoyens juifs, mais selon des informations plus récentes le chiffre est plutôt à peu près 300.

Des chicanes, représailles, et privations des droits à Weinheim 1933-1935

Seulement deux mois après la prise du pouvoir par les Socialistes Nationales (NSDAP), la première campagne anti-juive est organisée (1 avril 1933) : la journée de boycottage « Kauft nicht bei Juden » (N´achetez pas chez les juifs).

Un boycott locale se fait déjà avant les campagnes nationales le 11 mars 1933, initié par le parti de Weinheim et ses organisations. Des vitrines sont marquées avec des grands cercles jaunes et des sentinelles SA compliquent l’entrée des clients dans les magasins.

Une autre chicane consiste dans la décision du conseil municipale de Weinheim en 1934 d’interdire aux commerçants juifs leur présentation à la « Weinheimer Woche. » Les représailles ne concernent pas seulement les commerçants, mais aussi les non- salariés comme des médecins et des avocats. Devant les cabinets du Dr. Friedrich Reiss et l’avocat Dr. Moritz Pfälzer à Weinheim des gens de SS et SA se sont positionnés, tenant des affiches avec les mots « Die Juden sind unser Unglück » (les juifs sont notre avatar). Peu à peu on détruit l’existence professionnelle des citoyens juifs avec une suite de lois et de décrets. Un exemple en est Ernst Braun de Weinheim auquel- après avoir réussi le baccalauréat au Realgymnasium- on interdit l’accès à l’université en le refusant comme « non-souhaité ». Il commence donc un apprentissage commercial chez la fabrique de cuir Hirsch, jusqu’il doit quitter l’Allemagne.

À d’autres on interdit de faire leur stage après l’examen d’État de droit ; Friedrich Maier de Weinheim, par conséquence, emménage à Mannheim et émigre aux États-Unis en 1937.

Walter Altstädter, stagiaire au tribunal d’instance à Weinheim, doit faire la même expérience : il ne peut pas terminer sa formation des droits et émigre à Israël en 1934.

Lentement on poursuit le remplacement des membres juifs dans les associations, les fonctions honorifiques et les comités directeur. On destitue des collègues de mérite ou des camardes de sport sans aucune faute de leur part. L´industriel Julius Hirsch, par exemple, est obligé à se démettre des ses fonctions comme membre du comité directeur de l’association centrale de la fabrication de cuir en Allemagne. Son frère Max Hirsch, lui aussi, doit abandonner ses fonctions dans l’association commerciale badoise aussi que ses fonctions honorifiques de juge du tribunal de commerce et de prud’homme.


La réaction juive à la situation changée

Malgré les représailles il est difficile, au début, pour la population juive d’estimer la situation d’une manière adéquate. Depuis longtemps on a eu l’habitude de vivre avec des désavantages et des humiliations et on présume qu’on puisse s’arranger une fois de plus avec les nouvelles conditions. D’autre part l’isolation croissante et la discrimination font naître un nouveau sentiment de sa propre valeur. La solidarité se renoue et on prend conscience de la signification de sa propre culture, la religion et l’histoire. L’ancien antagonisme entre les juifs de l’est et les établis ainsi que celui entre les sionistes et leurs adversaires passe au second plan : face à la menace venant du coté du régime Nazi qui regarde la judéité comme un groupe homogène les juifs entre eux se relient.

Cette nouvelle conscience mène à la fondation du « Zentralausschuss für Hilfe und Aufbau « (comité central pour l’aide et l’organisation) en avril 1933. Pendant les années suivantes celui-ci forme la base organisatrice de l’émigration en donnant des conseils juridiques et commerciaux, des crédits et du soutien pour des artistes, des gens de la classe moyenne et des gens avec des formations universitaires.

Un rôle important dans l’émigration joue aussi l’organisation de tête de la « Reichsvertretung deutscher Juden » (représentation des juifs allemands dans le Reich) fondée en septembre 1933 sous la présidence de Leo Baeck et Otto Hirsch.

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Les premiers citoyens juifs quittent Weinheim

Malgré ses liens à sa terre natale et en sachant qu’on ne devrait pas seulement tourner le dos à la ville mais aussi au pays même avec toutes ses conséquences, aussi les juifs de Weinheim tentent d’établir une nouvelle existence à l’étranger. Dans le cadre de la première vague d’émigration qui continue jusqu’au printemps 1935, 15 citoyens juifs quittent Weinheim.
La difficulté de quitter sa patrie et Weinheim se manifeste dans les notes de l’entrepreneur Weinheimerièn Max Hirsch en 1940 :

«  A cette époque il m`aurait semblé- et aux autres aussi- une désertion lâche de quitter notre patrie, notre œuvre, auxquelles nous étions tellement attachés. L´idée nous était absolument terrible et incroyable et nous ne voulions pas admettre sa réalité. On était toujours de bonne foi et on croyait qu’un pays cultivé comme l’Allemagne devrait bientôt guérir de ce fléau. » Plus ...

La décision d’émigrer est liée aux expériences personnelles déjà faites avec le régime Nazi. Ceux qui sont déjà au chômage et qui voient leur carrières détruites estiment les risques d’une émigration comme assez insignifiantes. Également ceux qui ont été renvoyé de leurs écoles et qui se trouvent sans aucune perspective professionnelle, des étudiants qui ne sont pas admis aux examens ou aux études et des juifs qui s’engagent pour la politique (sionistes, socialistes) perçoivent la nécessité d’émigrer plus tôt que les autres : les entrepreneurs, les détaillants, les artisans ou les employés qui peuvent – même si sous des conditions aggravées suivre leurs activités jusqu’au début de 1938. Les juifs qui émigrent sont avant tout ceux qui se trouvent particulièrement en danger pour des raisons politiques, comme des politiciens, journalistes, artistes, fonctionnaires et des universitaires. Ceux qui reconnaissent le danger pour eux-mêmes supposent que le régime Nazi soit bientôt destitué ou modère sa politique vers les juifs. C’est la raison pour laquelle les premiers émigrants se préparent seulement pour une absence temporaire et préfèrent les pays voisins comme destination.

Il y’ en a d’autres qui son plus âgés et qui ne voient pas de possibilités pour un avenir ailleurs : ils espèrent pouvoir s’arranger avec la situation en Allemagne.

En 1931 on introduit la « Reichsfluchtsteuer » (impôts sur la fuite d’empire), qui a comme premier but la limitation de la fuite des capitaux mais qui sert de plus en plus comme grand empêchement de l’émigration. Selon ce règlement les juifs qui désirent émigrer et qui disposent en 1931 d’une fortune de plus de 20 000 RM (Reichsmark) doivent payer 25% de la valeur totale de cette fortune aux Reich. Le reste ne peut pas être changé en devises en Allemagne, on est obligé de changer la monnaie allemande à l’étranger. Au début le cours du change est favorable mais il se dégrade rapidement dans les années suivantes. En 1933, après le paiement de cet impôt les émigrés peuvent transférer encore 75% de leur fortune vers l’étranger, mais en 1938 il ne leur reste que 8% après les obligations. En plus il est désormais interdit d’emmener des valeurs réelles.


Les lois de Nuremberg (Nürnberger Gesetze)

Avec le décret des lois de Nuremberg le 15 septembre 1935 l’interdiction judiciaire des juifs est systématiquement réalisée. Le « Reichsbürgergesetz » (loi des citoyens du Reich) entre en vigueur et prive les juifs de leur égalité civile en établissant un classement par « Staatsangehörige (citoyen de nationalité allemande) » et « Staatsbürger » (simple citoyen)  auxquels les juifs appartiennent maintenant.

Les lois déterminent qui est regardé comme juif. Des mariages mixtes entre des « Staatsangehörige » et des juifs sont interdits. Les mariages mixtes déjà existants se voient sous pression énorme du coté du régime Nazi. En plus on prive les juifs du droit de vote et réalise leur révocation totale de la fonction publique.


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L’estimation de la situation par les personnes affectées

Un grand nombre de juifs accueille favorablement les lois de Nuremberg en affirmant que à partir de maintenant ils savent au moins où est leur place ». Ils croient qu’après la mise au point du fait qu’ils ne sont que des « Staatsbürger » les Nazis cesseraient leurs activités anti-juives. En fait, pendant la phase préparatoire des Jeux Olympiques de 1936 on peut observer une détente dans ces activités, un fait qui provoque des illusions. Les organisations juives ont bien aperçu qu’après les lois de Nuremberg la liquidation totale de la judéité n’est plus qu’une question de temps, mais personne ne pouvait pressentir que ce régime réalise une hécatombe… un régime qui selon ses apparences est si peu conséquent dans sa politique anti-juive et qui dispose toujours d’administrations et de fonctionnaires très formés dans la tradition d’État de droit.


La vie commerciale á Weinheim

Le temps des entreprises juives à Weinheim tire également sa fin, causé par le plan annuel des quatre ans, décrété en 1936. Ce décret marque la fin de l’autonomie relative dans le cadre de l’économie de libre concurrence. Maintenant les plans pour l’armement et l’autarcie économique passent au premier plan.

Le but de cette mesure est d’obliger l’économie privée à réaliser des programmes de production fixés par l’État dans des domaines principaux. Dans le cadre de cette mesure les entreprises « non-aryennes » sont infligées d’une réduction de contingent par 10%. Cette situation amène l’entrepreneur Max Hirsch à discuter une première fois la vente de sa fabrique à l’entreprise Freudenberg.

Des activités anti-juives aggravent encore la situation déjà très tendue des commerçants juifs. En juillet 1937, par exemple les soldes d´été sont sabotés par des hommes SA, qui se postent devant les entrées des magasins juifs. Ils y distribuent le journal Nazi « Der Stürmer » et empêchent ainsi l’accès des clients. Au carrefour formé par Friedrich-Linden-Hauptstrasse, ainsi qu’à la vielle place de la fontaine Rodenstein et dans la Hauptstrasse devant l’ancienne quincaillerie Keller on a placé des transparents avec des paroles antisémites des deux cotés.

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De nombreux juifs de Weinheim quittent leur ville

Par conséquence, face aux conditions de vie qui s’aggravent de plus en plus, un nombre croissant de citoyens juifs quitte Weinheim. La raison n’est pas seulement l’existence professionnelle souvent ruinée, mais aussi le souci pour la famille qui s’exprime surtout chez les épouses qui exigent une émigration immédiate.
Entre l’été 1935 et la fin de 1937 encore 45 juifs abandonnent leur ville natale.

La fin de la fabrique des cuirs Hirsch et de la fabrique de limes Freymann & Co.

D’autres restrictions suivent qui privent des entreprises juives de subsistance : par exemple la « Verordnung über die Anmeldung des Vermögens von Juden » du 26 avril 1938 (décret sur la déclaration de la fortune des juifs). Ceci forme la base pour des nouvelles mesures administratives anti-juives et permet l’exclusion légale des juifs de l’économie.

Par ce décret on oblige les juifs à déclarer à l’administration fiscale toute leur fortune (incluant des articles ménagers, des bijoux et des effets), sauf des articles de valeur de moins de 5000 RM qui sont exclus de cette obligation. Dans le cadre de ce décret les entreprises Feilenfabrik (fabrique de limes) Freymann &Co dans le quartier Müll et celle de cuir Sigmund Hirsch à Weinheim se voient obligées d’abandonner leurs fabriques.

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Les pogromes du 9 et 11 novembre

Le point culminant de la politique discriminatoire du NS sont les pogromes du 9 et 11 novembre 1938. On constate encore plusieurs actes de violence organisés publiquement de la part des socialistes nationales contre les citoyens juifs. Ils sont démarrés par l’attentat contre le secrétaire d’ambassade, Ernst Eduard von Rath par Herschel Grynzspan, de 17 ans, qui a lieu le 7 novembre 1938. Ses parents ont été parmi les 17.000 juifs polonais résidents en Allemagne et expulsés du Reich le 28 octobre. Le régime profite de cet acte de vengeance pour des excès contrôlés contre des citoyens et des commerces juifs dans toute l’Allemagne. Dans l’ordre donné du groupe SA Kurpfalz aux bureaux subordonnés la nuit du 9/10 novembre on lit :

Innenansicht der zerstörten Synagoge, 5.1.1939« À l’ordre du chef du groupe il faut faire sauter ou mettre le feu à toutes les synagogues juives sans délai. Des maisons adjointes qui sont habitées par des citoyens aryens ne doivent pas être endommagées. L’action doit se faire en civil. Il faut empêcher des mutineries et des pillages. Annonce d’accomplissement jusqu’à 8.30 heures. »

La destruction de la synagogue et les premières arrestations

Aussi la synagogue de Weinheim dans la Bürgermeister-Ehret-Strasse 5 –inaugurée solennellement le 2 août 1906 – est victime de cette action. Avant la destruction par explosif des hommes SA démolissent l’intérieur et l’étoile de David avec des haches. Il est interdit aux pompiers d éteindre le feu. Dans la cité de Weinheim on casse les vitrines des magasins juifs, on exécute des perquisitions et tous les hommes juifs sont arrêtés.

Illustration: Intérieur de la synagogue après la destruction, 5.1.1939.

Le destin suivant du terrain...

La fin de la vie juive commerciale à Weinheim 1938

Ils suivent d’autres lois et décrets en 1938 qui ordonnent la « Zwangsarisierung » (« aryanisation » par force) des magasins juifs, les détaillistes doivent fermer leurs commerces. Les juifs ne peuvent plus travailler comme artisans et on installe des agents fiduciaires dans les entreprises. Les bureaux du parti enregistrent toutes les entreprises dans leurs districts et dressent des listes sur leur valeur et leur liquidité pour une vente éventuelle.

À Weinheim ces mesures concernent la boucherie Max Oppenheimer (Hauptstraße 112), la succursale de Wohlwert Robert Lipsky (Hauptstraße 79), la maroquinerie Theodor Kassel & Marx (Hauptstraße 47), le magasin de textiles David Benjamin (Amtsgasse 1), le grand magasin Frères Mayer (Hauptstraße 100), le bazar Moritz Neu (Hauptstraße 96), les magasins de textiles Josef Wetterhahn (Hauptstraße 69) und Isaak Heil (Hauptstraße 63), et le sellier- tapissier Sigmund Brückmann (Hauptstraße 89).

Dépossession et restrictions supplémentaires

La dépossession des propriétés juives continue et se termine par la livraison des effets, des bijoux et des objets d’art aux points d’achat publics. Les juives ne doivent garder que ce qui est essentiellement nécessaire pour leur subsistance. Le nombre des bénéficiaires de l’aide sociale augmente dramatiquement par cette vague de décrets. Environ 60% s’adressent aux organisations de l’aide juives dont la liberté financière est devenu très limitée à cause des interventions gouvernementales pour demander aide.

Un des buts de ces activités est de renforcer la pression sur la population juive par rapport à l’émigration. On arrête par exemple de nombreux membres de la représentation du Reich et des associations caritatives et ne les relâche sauf sous condition de leur émigration immédiate. A cause de cela ces associations ne peuvent plus travailler avec efficacité.

Par plusieurs décrets suivants on interdit aussi aux juifs de participer à la vie culturelle en général. Plus de fréquentation des cinémas, ni des théâtres ou des concerts ! Il faut retourner les permis de conduire et les cartes grises, on ne profite plus de la protection des locataires, on ne peut plus rester membre dans des associations. Les passeports sont revêtis avec un « J » fort remarquable et on doit porter comme nom supplémentaire « Sara » ou « Israël » pour les hommes. Les juifs aussi reçoivent des cartes alimentaires, mais leurs rations sont réduites et les cartes marquées avec un « J ».

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Dernières possibilités pour la fuite avant le déclenchement de la guerre

Après les pogromes du novembre on fait des essais désespérés pour se sauver vers l’étranger. Martin Eckstein, par exemple raconte dans l’annuaire de 1991/92 de Weinheim les discussions répétitives dans sa famille sur une possible fuite après les pogromes et l’emprisonnement bref de son père à Buchenwald. Mais les Eckstein ne disposent pas des moyens financiers pour émigrer. La famille emménage à Pforzheim le 29 mars 1939 où elle reste jusqu’au 22 octobre 1940, le jour de sa déportation à Gurs.

Beaucoup de juifs subissent le même sort que les Eckstein. Ceux qui n’arrivent pas á quitter l’Allemagne au moins jusqu’au commencement de la guerre n’ont presque aucune chance d’échapper de la machinerie de l’extermination des NS.
Comme par exemple Hugo Rothschild, qui veut émigrer avec sa femme à la fin d’aout 1941 aux États-Unis mais se trouve parmi les 6502 juifs badois et palatins dans le transport vers Gurs/France le 22 octobre 1940.

D’autres comme Arthur, Julius et Max Hirsch ont plus de chance. Après leur arrestation le 10 novembre 1938 à Dachau leurs épouses ont déjà pris des mesures pour quitter Weinheim. Max Hirsch raconte:

« C’était une triste heure d’adieu lorsqu’il nous a fallu quitter notre maison. Une maison où nous avions passé les plus belles années de notre insouciante enfance, dans laquelle ma femme et moi sont emménagés, nos quatre enfants sont nés et mes parents on pu terminer leur vie heureuse et harmonieuse dans des temps plus heureux qu’alors. On avait appris à souffrir la dureté de la privation des droits et de l’infamie, mais quand même on était bouleversé en quittant cette demeure si chère à nous pour toujours. »

Dans ce contexte il faut mentionner la fortune incroyable de Margot Seewi, née Rapp, alors 14 ans, qui est envoyée par ses parents à La Palestine de l’époque avec un des derniers transports des enfants en janvier 1940. Pensant à la grande portée de cette décision on n’ose pas s’imaginer les sentiments des parents au moment d’adieu. En 1986 Mme Seewi a fait son pèlerinage très personnel à Gurs, l’endroit auquel ses parents, son frère cadet Ernst et sa grand-mère Recha Heil ont été déportés

Le déclenchement de la guerre en septembre 1939

Le 1 septembre 1939 Hitler attaque la Pologne et la persécution des juifs dans le Reich achève une nouvelle dimension. Un véritable catalogue des décrets condamne les juifs à une impuissance totale. Leur vie est strictement réglementée, isolée et tout à fait contrôlable pour l’administration d’État. Il y’a des restrictions de sortie, le contact avec des non-juifs est interdit, il faut retourner les radios et emménager dans des « Judenhäuser » (maisons des juifs). Ceux qui gagnent encore leur vie doivent payer un « Sozialausgleichsabgabe » (taxe de péréquation sociale) qui s’élève au 15% du revenu. Depuis le 1 septembre 1931 l’étoile juive doit être portée visiblement au corps. Depuis octobre 1941 un employé juif ne reçoit que le salaire pour le travail effectivement accompli. Il n’y’a plus de droit au maintien du paiement du salaire en cas de maladie ni au congé payé. En outre on refuse aux employés juifs des primes pour le travail de dimanche ou des jours fériés ainsi que pour des heures supplémentaires. On annule toutes les autres aides financières, soit pour la famille ou les enfants, soit les primes de fin d’année ou des anniversaires, soit des primes de fidélité ou des aides pour les accouchées.

Le 20 novembre 1942 le ministre de justice du Reich ordonne que tous les prisonniers juifs doivent être rapportés six semaines avant leur relâchement afin qu’on puisse les déporter directement.

Les juifs ne peuvent plus se servir des bibliothèques publiques, á partir de décembre 1941 on leur interdit d’utiliser des cabines téléphoniques. En janvier 1942 on demande la délivrance de leurs fourrures et des vêtements de laine à la « Wehrmacht », et à partir de février ils ne peuvent plus abonner des journaux, des magazines ni des feuilles décrets.

La déportation des juifs de Weinheim à Gurs

Après l’occupation de la France la Wehrmacht allemande et le gouvernement français sous Pétain soussignent une convention d’armistice à Vichy le 22 juin 1940. Au même temps Elsaß-Lothringen (Alsace-Lorraine) est annexée au Reich, administrée par les deux « Gauleiter » (chefs de district) Bürckel (Saarpfalz) et Wagner (Baden). Au cours des entretiens d’armistice le régime de Vichy doit concéder l’expulsion de tous les juifs d’Alsace-Lorraine à la France toujours inoccupée. Cela a un effet désastreux sur les juifs qui habitent les régions du Pays de Bade, Rhénanie-Palatinat et la Sarre.

Une interprétation arbitraire de cette convention mène á l’action »Bürckel », conçue par Wagner et Bürckel et en accord avec le gouvernement du Reich (Reichsregierung) et la Gestapo.

Cette action se réalise le 22 octobre 1940, jour de fête juive Sukkoth (fête des Cabanes).

Ce jour, de grand matin, on informe les citoyens juifs de Weinheim et les juifs badois -qui ne se doutent de rien - sur leur arrestation et leur déportation imminente. Selon les circonstances les personnes affectées n’ont qu’entre 15 minutes et trois heures pour ramasser leurs affaires ; on accorde aux adultes un bagage de 50 kg et un montant d’argent de 100 RM et aux enfants un bagage de 30 kg. Des bijoux, des livrets d’épargne, et des effets sont confisqués. Parmi les 6504 juifs -5617 du Pays de Bade- au moins 65 personnes sont citoyens de Weinheim. Ernst Rapp, 4 ans, Doris Hirsch, 7 ans et Kurt Altstädter, 10 ans, sont les plus jeunes.

Les citoyens juifs sont rassemblés dans la cour du château de Weinheim et ils sont ensuite transportés à Mannheim d’où l’on les expulse vers la France dans des trains spéciaux. La situation psychologique des déportées, dont 60% ont plus de 60 ans, reflète toutes les émotions humaines possibles. Ils ont déjà vécu des années pleines de peur et des représailles et la plupart d’eux souffre énormément des événements du 22 octobre.

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La vie dans le camp de Gurs

À l’arrivée des déportés on sépare les hommes des femmes et des enfants et on groupe leurs bagages à l’extérieur. Les fortes et fréquentes chutes de pluie dans la région détruisent beaucoup d’affaires avant que les déportés puissent les retrouver. Les déportés sont confrontés avec une image désolante. Il pleut dans le baraquement des îlots, neuf pour les hommes, quatre pour les femmes, -- on doit dormir sur de paille humide car au début on n’a pas assez de paillasses. Il n’y a pas de fenêtres, juste des volets de bois, qui s’ouvrent par des charnières, on dispose rarement d’éclairage électrique. Les poêles primitifs ne suffisent pas pour chauffer les baraques, en plus on n’a pas assez de combustibles.

Friedhof in GursPendant les premiers six mois l’alimentation quotidienne consiste en deux portions de bouillon de canard avec des navets, parfois des pois et très rarement quelques grammes de viande plus une ration de pain de 350 grammes— cela correspond à une quantité de calories entre 980 et 1250. Pour comparer : une personne qui pèse 60 kg et qui reste immobile a besoin de 1800 calories en moyenne. Les conditions sanitaires et hygiéniques sont au-delà de toute expression. Les lavabos se trouvent à l’extérieur, la plupart du temps défectueux et congelés en hiver. Les toilettes - des simples baquets dans des appentis semi-ouverts - sont presque inaccessibles pour les malades et les vieux, surtout lorsque le sol glaiseux entre les baraques se transforme en marécage pendant les orages et fortes pluies fréquentes.

Illustration : Cimetière juif à Gurs

A cause de ces conditions de vie incroyables l’apparence des puces, des poux, ainsi que plus tard aussi des punaises et rats est inévitable. Dans l’hiver de 1940/41 qui est extrêmement dur la dysenterie, la fièvre typhoïde, la tuberculose et la méningite causent de nombreux morts surtout parmi les plus âgés des internés, une véritable hécatombe.

Malgré les efforts des chefs d’ îlots et des baraques, de la direction française du camp et surtout du médecin-chef de maîtriser la situation par des mesures désinfectantes, plus de 1050 personnes succombent aux conditions insupportables d’hiver à Gurs. Onze des morts sont originaires de Weinheim.


Des mesures d’aide et du secours

Des publications dans la presse étrangère (surtout en Suisse) décrivant les conditions catastrophiques obligent au régime de Vichy d’ouvrir le camp de Gurs pour des organisations d’aide. L’organisation suisse « Secours Suisse » soutient les internés avec des médicaments et s’engage pour les enfants tant que la fondation d’aide aux enfants OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) qui tente de transférer les enfants vers des foyers. Grâce à cet engagement le jeune Weinheimerièn Martin Eckstein, alors 11 ans, est transféré ensemble avec 50 enfants français après quatre mois dans le camp à un orphelinat en Aspet (Département de Haute Garonne), où il vit avec 120 orphelins français et devient ainsi le seul survivant de toute sa famille. Ses parents Albert (49) et Felicie (48) Eckstein et sa sœur Lore, 19 ans, qui sont aussi déporté à Gurs, sont transférés à Auschwitz et assassinés.

Les quakers, qui s’occupent des enfants d’Aspet, rendent possible la fuite de Martin aux parentés qui habitent Zurich. Kurt Altstädter partage le sort de Martin Eckstein. À l’âge de 10 ans, il est déporté avec ses parents Ludwig et Karolina Altstädter à Gurs. Il travaille dans une ferme à Aix-les Bains jusqu’à 1942 et puis survit la guerre à Genève. Ses parents périssent à Auschwitz en 1942. Doris Hirsch, alors sept ans, survit aussi comme seul membre de sa famille, grâce à ceux qui la tiennent cachée dans des divers foyers.

Même dans cette situation il existe toujours la possibilité d’émigration, mais elle dépend souvent des caprices el de l’arbitraire des fonctionnaires de l’administration française.

On a besoin d’un visa pour l’Outre-mer, un permis de transit pour l’Espagne, Portugal ou Maroc, en outre il faut un permis de sortie délivré par le régime Vichy. En plus il faut un billet de bateau et le change équivalent à 400 $ pour les dépenses du voyage. Sans oublier des parents ou des amis qui doivent accorder leur consentement d’accueillir l’émigrant.

La « Reichsvereinigung der Juden in Deutschland » (association des juifs en Allemagne) s’efforce de procurer les documents pour la sortie et les transmettre vers Gurs. Ces efforts sont aggravés par un décret du « Reichssicherungshauptamt » (administration centrale pour la sécurité du Reich) du 28 février 1941, ordonnant que les documents nécessaires doivent se faire venir de la représentation allemande à Paris.

Par ce moyen les citoyens de Weinheim Kurt Altstädter, Mina Irma Mayer et Kathinka Stiefel atteignent la possibilité de s’enfuir à la liberté.

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Dépossession des propriétés privées à Weinheim

Dans le cadre de la déportation à Gurs des juifs du Pays-Bade et donc aussi de Weinheim la plus grande action de dépossession des propriétés privées a lieu. Les déportés doivent laisser leurs livrets d’épargne, des effets, des bijoux et des espèces (au-dessus de la limite de 100 RM). Leurs demeures sont scellées et après inventoriées.

Le préfet de police à Mannheim donne l’ordre de faire l’inventaire et l’estimation des objets que les juifs de Weinheim ont laissés dans leurs appartements et maisons. Des objets de valeur comme des espèces, bijoux et de l’argent se transmettent à la préfecture de Mannheim à l’exception que la commune de Weinheim réclame une partie des objectes juifs pour elle-même Les alimentations disponibles doivent s’inventorier aussi et être utilisées pour des organisations NS.

On emploie à Weinheim des estimateurs publics qui font des listes détaillées sur tout l’inventaire, des meubles, et des objets ménagers simples trouvés dans les demeures juives, rangés par cinq catégories. Après la déportation des citoyens juifs qui ont du quitter leurs maisons d’une manière précipitée et n’ont pu que ramasser le plus nécessaire on ouvre leurs maisons par effraction et les vend après.

Aliénations et enchères publiques dans les halles des fruits à Weinheim

À la fin de ce listage, le 6 décembre 1940, on discute avec le préfet de police de Mannheim dans la mairie de Weinheim comment on peut continuer « l’utilisation  des biens juifs ». Le résultat est-entre autres- une enchère publique des objets de ménage pour une indemnité de frais de 10%. Ces enchères publiques se déroulent entre décembre 1940 et février 1942 dans les halles des fruits, dont la dernière a lieu le 6 février.

La ville de Weinheim prend l’administration provisoire des terrains, maisons, jardins, champs, etc. des citoyens juifs. Au début on ne veut pas les vendre. La municipalité et la « Ortsgruppenleitung » (organisation du groupe locale) s’occupent de la distribution des appartements vides, favorisant des familles avec beaucoup d’enfants parmi les 33 demandes existantes. Il est interdit d’utiliser les appartements pour des bureaux ou des commerces, même le parti et ses groupes n’en peuvent profiter.

La Wannseekonferenz (conférence de Wannsee), 20 janvier 1942

Le 20 janvier 1942, c’est le jour de la Wannseekonferenz où l’élimination systématique et planifiée de la judéité est décidée. En conséquence, les bureaux de renseignement pour les émigrants juifs sont liquidés et ainsi les derniers espoirs pour un sauvetage dans l’étranger se trouvent détruits.

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Les premiers transports aux camps d’extermination

Déjà avant la Wannseekonferenz il y’a eu des déportations aux camps de concentration, mais maintenant on organise des rafles et des transports aux camps d’extermination dans une large mesure.

À partir de février 1942 les premiers transports démarrent vers les camps d’ Auschwitz et Lublin/Majdanek. Cela s’applique aussi pour les personnes qui se trouvent toujours internés à Gurs. On commence avec des juifs qui ne profitent pas d’une protection par un conjoint ou des enfants non-juifs. Au début de 1944 la Gestapo déplace des veuves des non-juifs, même si elles ont des enfants non-juifs. Depuis février 1945, enfin tous les juifs sont exposés sans défense à cette machinerie, incluant les conjoints dans des mariages mixtes qui existent toujours. En mi-février, par exemple Margareta Siehl est prévue pour un des derniers transports vers Theresienstadt. Son mari, un « aryen », a déjà perdu son travail comme enseignant en refusant le divorce de sa femme juive.

Dans une lettre de lecteur aux « Weinheimer Nachrichten » du 17 janvier 1996 leur fils Hans Martin décrit comment sa mère à réussi à s’échapper de ce transport :

« Ma mère devait être déportée mi-février 1945 dans le (comme on savait plus tard) dernier transport à Theresienstadt. Mon père s’est battu –autant que pendant toutes les années avant—comme un lion pour la vie de sa femme. Mais personne, même pas ceux qui l’avaient soutenu avant, puissent faire quelque chose. On voulait exterminer tous les juifs, baptisés ou pas, avant la fin de la guerre. Ce dimanche-là, à midi, nous étions tous ensemble pour dire un désespéré adieu à notre mère et épouse. Un jour après (selon le journal de mon père le 12 février 1945) notre médecin de famille apparut chez nous pour proposer le suivant à mes parents : «  Je vous atteste inapte de transport et je vais vous donner une piqûre de Strophantin. Cela pourrait vous sauver du transport. » Le même jour mon père apportait le certificat médical à la Gestapo à Mannheim et au médecin de la Sécurité sociale. Le miracle s’est produit. Le dernier transport est parti sans elle… »

Après la fin de la guerre

Selon l’état actuel de la recherche 114 des 285 personnes (40%) de la population juive qui habitent à Weinheim en 1933 peuvent émigrer. Seulement dix personnes (3,5%) survivent la fin de la terreur Nazi à Weinheim même. Il s’agit de cinq femmes mariées avec des « aryens » et leurs enfants.

Ernst Braun, fils du commerçant des textiles Adolf Braun, peut émigrer aux États-Unis en 1935 et revient en Allemagne comme soldat américain. Dans sa fonction comme présentateur radio il lance des appels de capitulation aux soldats allemands. Il écrit sur ses sentiments lors d’une visite à Weinheim:

“[...] and the back of our former house looks exactly it did ten years ago. The name of Braun of course has been replaced by the name of Delert. I looked around and although everything looked familiar it looked strange, cold and repulsive to me. The spirit, the sentiment, the atmosphere of former years had gone. All that used to be near and dear to me was removed. At that point I did not think that I was recognized at all in Weinheim.”

« Le derrière de notre maison n’avait guère changé pendant les 10 ans de mon absence. Évidemment le nom « Braun » avait été remplacé par le nom « Delert ». Je regardais autour de moi, mais bien que tout me semblait familier il était au même temps froid, étrange et hostile. Il n’y avait plus l’esprit, le sentiment et l’atmosphère des années passés. Tout ce qui avait été si cher à moi n’était plus. Je pense que jusqu’a ce moment- là personne à Weinheim m`avait reconnu.»

# Son frère Alfred Braun a suggéré un rencontre des anciens citoyens juifs qui a eu lieu entre le 28 mai au 5 juin 1979 ici à Weinheim. 17 anciens habitants juifs de Weinheim se sont mis en route vers leur ville d’origine. Un autre rencontre s’est réalisé le 15 au 20 avril 1991.

Treffen der ehemaligen jüdischen Bürger 1979

Illustration: Réunion des anciens citoyens juifs, 1979.

Übersetzung : Barbara Zenck

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